Les Centres sociaux protestants vivent depuis de nombreuses années aux côtés de personnes sans statut et sans attestation de séjour. Depuis plus de 30 ans les CSP alertent les autorités politiques et administratives du pays pour qu’elles régularisent les différentes catégories de migrants sans distinction d’origine travaillant et résidant en Suisse: ce fut la demande d’abolition du statut de saisonnier visant entre autres à supprimer les situations de clandestinité forcée (femme et enfants de saisonniers); ce furent les nombreuses mises en garde contre les durcissements de la loi sur l’asile face aux personnes cherchant refuge et protection en Suisse. Actuellement, une population immigrée clandestine importante travaille dans notre pays souvent depuis plusieurs années, dans l’insécurité la plus totale; ces travailleurs-euses et leurs familles se trouvent à la merci d’abus, sans protection et sans droit dans le cadre de leur travail, du logement, de la santé et de la formation.
Au cours des années, grand nombre de personnes sans-papiers ont été reçues dans les CSP, sur des problèmes liés aux droits des travailleurs, aux assurances sociales, aux impôts, à la santé, à la scolarité des enfants, aux convocations de police, aux départs de Suisse, etc.
A côté de l’appui individuel qui a été donné, les personnes rencontrées ont été mises en relation avec les mouvements et associations engagées auprès des collectivités migrantes, et avec des mouvements de solidarité. Elles ont aussi été orientées vers leur communauté nationale, ou encouragées à constituer des associations selon leur origine ou selon le problème qui les unissait à d’autres.
A Lausanne, le CSP-VD a l’expérience, avec d’autres partenaires, de la défense collective des migrants, et en particulier celle du Mouvement des ex-saisonniers d’ex-Yougoslavie, où dans le canton de Vaud, 220 familles ont pu être «régularisées».
Les CSP ont transmis aux médias des situations concrètes de sans papier, en vue d’informer la population et en même temps de plaider pour la recherche de solutions collectives aux situations évoquées.
Les CSP demandent qu’à l’échelon national et cantonal, les différents partenaires de la société civile –les représentants du monde politique, économique, syndical, les Églises, les œuvres d’entraide– participent à des tables rondes et que de ces réunions sortent des propositions concrètes pour une solution équitable et durable.
Les solutions au cas par cas ont une fois de plus montré leur limite au cours de cette dernière année. Des régularisations collectives doivent être trouvées en faveur des personnes qui vivent auprès de leurs familles, et/ou qui travaillent.
Seule une solution politique globale peut mettre fin à l’hypocrisie dans laquelle notre pays continue d’être: en effet il admet la présence et la nécessité d’une main d’œuvre indispensable au fonctionnement de certains secteurs d’activité mais sans lui délivrer d’autorisation de séjour et de travail. Par là même, il continue de maintenir les personnes dans une insécurité inhumaine.
Pour les CSP, Pierre-André Diserens
directeur du CSP-Vaud