député au Grand Conseil genevois: JOURNÉE D’ÉCHANGES ET DE RÉFLEXION
La journée a permis de faire un état des lieux sur la situation, dont les éléments suivants sont à mettre en avant.
Dans l’ensemble des interventions et des travaux de la journée, on a trouvé comme un fil rouge, le constat d’une situation « totalement insatisfaisante », « injuste », « intolérable », « révoltante ». Aussi bien les témoignages poignants de sans-papiers que ceux d’acteurs agissants sur le terrain en leurs faveurs on consistait des moments forts pendant cette journée.
Comme révoltantes et intolérables ont été décrites avant tout les conditions de vie et de travail de l’immense majorité des sans-papiers. Particulièrement les conditions d’arrestation et d’expulsion de travailleuses et travailleurs faisant partis du monde du travail suisse, parfois avec leurs enfants, sont en particulier ressenties comme une grande injustice.
Les estimations chiffrées montrent une présence importante de sans-papiers, partout en Suisse, mais certainement plus forte dans les agglomérations urbaines. Les plus optimistes estiment cette présence à un travailleur immigré sur dix, les plus pessimistes, à un sur cinq.
Ce n’est pas parce qu’on utilise en Suisse alémanique le terme français « sans papiers » au lieu de « Papierlose » et qu’on est en présence d’un mouvement plus structuré et plus remuant en Suisse romande que le problème ne concerne pas tout le pays.
La nécessité de faire connaître la réalité des sans-papiers, ainsi que celle de faire reconnaître l’importance d’agir en leurs faveur et des membres de leurs familles souvent présents dans notre pays est considéré comme une tâche primordiale.
L’insatisfaction face à l’insuffisance des possibilités de régularisation a été partagée avec toutes celles et ceux qui travaillent sur le terrain. D’anciens mécanismes de régularisation par le statut de saisonnier et des unités de contingents cantonaux n’existent plus. La circulaire du Département fédéral de justice et de police offre très peu de possibilités. Bien que la marge de manœuvre des cantons est très restreinte, il faut déplorer que seulement 5 cantons aient déposé des demandes en utilisant au moins déjà cette occasion. Il a été aussi souligné que sans garanties pour les sans-papiers, ces derniers ne s’annoncent actuellement qu’exceptionnellement aux autorités.
Étant donné que les sans-papiers représentent une réalité importante dans notre pays, il est urgent de mettre fin à une certaine hypocrisie qui veut que généralement on reconnaisse l’utilité des travailleurs sans papiers pour l’économie tout en refusant d’accorder aux femmes et aux hommes concernés une autorisation de travail et de séjour. On les expose ainsi à l’arbitraire, souvent des employeurs et presque toujours des autorités.
Il faut également tenir compte que de nombreux employeurs sont mécontents de la situation et en particulier du manque d’autorisations de travail. Ils sont en principe prêts à s’engager pour une régularisation de leurs travailleurs sans papiers.
Un énorme manque d’information concernant la réalité des sans-papiers existe au niveau des autorités, des partis politiques et de la population en générale. Les mécanismes du système qui exclut et qui fabrique des sans-papiers sont largement méconnus.
Tout en expliquant ce qui est souhaitable de la part des forces représentées à la journée de réflexion, il faut travailler à un rapport de force plus favorable pour les sans-papiers. Il faut réaliser à chaque étape ce qui est possible avec le nouveau rapport de force crée. Œuvrer à la création d’une majorité politique qui comprend que la tension, la polarisation et le pourrissement de la situation ne peuvent pas être dans l’intérêt du pays et de sa majorité politique est la tâche importante qui incombe à toute personne et à toute organisation engagée du côté des sans-papiers et des immigrés en général.
La réflexion doit également continuer pour répondre à la question pourquoi ceux qui connaissent la réalité du terrain n’arrivent pas encore à faire passer cette connaissance à ceux qui ont des craintes face aux étrangers.
Parallèlement à l’engagement pour la régularisation collective des sans-papiers, il est indispensable de s’engager dans le quotidien pour l’amélioration des conditions de vie, de travail et de scolarisation des enfants dans toute la Suisse. Il faut renforcer le travail dans les cantons qui ont fait des pas en avant dans cette direction et inciter les autres cantons à s’en inspirer.
Les sans-papiers doivent en particulier avoir le droit à la formation, à la santé, au travail, au logement, à la liberté d’expression et à l’information.
Concluons avec le constat important prononcé à cette journée que l’obtention du respect pour les clandestins en tant qu’êtres humains est primordial, car sans ce respect il n’y aura pas de majorité possible pour changer la situation.