Requérants d’asile et personnes qui leur sont solidaires se mobilisent depuis 2007 au sein du collectif "Droit de rester" contre les conditions de vie dégradantes des migrant.e.s bénéficiaires de l’Aide d’urgence. En effet, les personnes déboutées se retrouvent souvent plusieurs mois, voire plusieurs années dans des situations précaires en l’attente d’un avenir incertain. Sans compter que de nombreux renvois se font sous la contrainte et selon des critères aléatoires qui de ce fait sont de plus en plus difficiles à atteindre pour les personnes menacées. Pour ces raisons et "pour protéger les requérant.e.s d’asile débouté.e.s contre le risque d’un renvoi vers un pays dans lequel ils et elles n’ont plus aucun lien et où ils et elles craignent pour leur intégrité physique", un refuge d’urgence leur semble nécessaire. Après la mort tragique d’un requérant d’asile débouté en mars 2010 lors de son transfert à l'aéroport, les vols de renvoi avaient été suspendus. Les personnes qui étaient détenues ont pu, suite à cet événement ou plutôt "grâce" à cet "incident", être libérées. Décision prise par le juge de paix et soutenue par le collectif "Droit de rester pour tous et toutes". Dès le mois de juillet, le collectif a alors intensifié ses actions. Il a notamment reformulé aux églises des demandes urgentes de refuges pour les personnes menacées de renvoi. En effet, les représentant.e.s du collectif avaient déjà rencontré un comité représentant autorités religieuses officielles. Ils avaient senti des possibilités effectives mais il restait plusieurs points à négocier. Les églises demandaient notamment de pouvoir avoir accès aux dossiers des personnes demandeuses de refuges, mais le collectif est resté intransigeant sur ce point-là : il est exclu de faire un tri entre les personnes, qu’importe la catégorisation des personnes menacées de renvoi.
Depuis janvier 2010, le collectif était donc en négociation avec un groupe de travail composé de représentants des autorités ecclésiastiques, des deux médiateurs (catholique et protestant) responsables du Point d’Appui et d’un représentant du conseil œcuménique des églises romandes (COER). Après le décès de juin dernier, un accord de principe avait été passé et la demande d’ouverture d’un refuge d’urgence avait été accueillie positivement, sous réserve des dernières mises au point.
A la reprise des vols spéciaux en juillet et suite à la clôture de l’enquête sur le décès du jeune nigérian lors de son renvoi manqué à Zürich, le collectif a encore reçu des témoignages alarmants de personnes en situation critique, que ce soit en détention administrative, en attente d’un vol spécial ou une fois débarquée. Mon interlocuteur m’a conseillé d’aller voir leur site (http://droit-de-rester.blogspot.com/) où ils ont mis en ligne ou relaté ces quelques témoignages qui ne sont qu’un petit échantillon d’une réalité mise en sourdine. Menaces de suicide, mauvais traitements, détention longue et douloureuse, renvoi inadéquat, etc. Le collectif a tenté plusieurs essais de demandes directes à des pasteurs qui ont parfois été favorables mais qui ne pouvaient faire sans l’accord des hiérarchies.
Comme rien ne bougeait depuis des mois, le collectif a décidé d’agir en occupant le lundi 11 octobre au soir des locaux de l’église Saint-Jacques. Plusieurs représentants des autorités protestantes et de la paroisse concernée sont arrivés le soir même et ont invité les représentant.e.s du collectif à participer. Les négociations ont été musclées et il s’avéra rapidement difficile de rester en ces lieux, les locaux appartenant à une Fondation qui refusait l’occupation. Dès mardi, donc, les occupant.e.s ont été accueillis au centre multiculturel des églises situé à César-Roux (Point d’Appui), après une rencontre avec les responsables de l’espace de rencontre. Pour le collectif, cela aura permis de faire avancer les négociations dans la mesure où l’occupation a pressé les hiérarchies des églises à prendre des décisions et formuler rapidement des demandes officielles aux pasteurs, curés et conseils paroissiaux. Mercredi, le collectif était plutôt confiant et se réjouissait que les discussions de la veille aient mené à la protection effective des personnes menacées. Ce refuge transitoire au Point d’Appui se poursuit jusqu'à ce qu'une église soit trouvée. Des rencontres y étaient prévues jusqu'à hier, le collectif attendant de savoir où pourraient aller les requérant-e-s d’asile débouté-e-s. Aux dernières nouvelles, une solution a été trouvée et un refuge va être ouvert à la Sallaz jusqu’au 29 octobre.
Cette situation reste malgré tout provisoire et très préoccupante. Si vous voulez connaître la suite des événements et soutenir le "Droit de rester pour tou-te-s", je vous encourage à aller sur leur site et à signer leur pétition de solidarité (http://www.mapetition.ch/signature-petition.html).