L’objectif de cette révision n’est pas d’instaurer des mesures d’économie mais c’est un durcissement déguisé du droit d’asile. Les requérantes et requérants dont il n’est pas entré en matière sur la demande d’asile devront quitter la Suisse dans les plus brefs délais, se verront couper toutes prestations sociales, devront quitter les centres d’enregistrement, les foyers ou appartements. Cette exclusion de l’assistance sociale pour ces personnes en détresse engendrera des conséquences négatives très importantes.
Les économies espérées par le Conseil fédéral (15 millions en 2004, 45 en 2005 et 77 en 2006) sont des économies à très court terme et dont les effets contre-productifs sont d’ores et déjà prévisibles. Les propositions du Conseil fédéral reposent, pour l’essentiel, sur l’hypothèse que les requérants d’asile déboutés disparaîtront dans la nature. Alors que le Conseil fédéral refuse d’entrer en matière sur le débat des Sans-Papiers, il crée avec ce projet, une nouvelle catégorie de Sans-Papiers et donne ainsi un blanc-seing à celles et ceux qui veulent pouvoir bénéficier d’une main d’œuvre bon marché, corvéable à merci car clandestine.
Des mesures aussi drastiques que celles proposées par le Conseil fédéral feront également apparaître d’autres facettes de l’illégalité comme le danger d’exploitation qui menace particulièrement les requérants d’un jeune âge et/ou du sexe féminin, la mendicité ou encore la possible augmentation de la délinquance (trafique de drogue, racket, etc.). Cet encouragement aux séjours clandestins favorisera encore le rejet des requérants d’asile par une partie de la population, ceci dans l’intérêt des milieux xénophobes. Une telle politique ne conduira pas à une meilleure acceptation des requérants d’asile en Suisse. Au contraire, elle garantira le succès en votation populaire d’une nouvelle et prochaine initiative sur l’asile de l’UDC. Est-ce le but recherché par le Conseil fédéral ? Ce n’est pas en court-circuitant les commissions parlementaires qui traitent actuellement du projet de révision de la loi sur l’asile, ce n’est pas par le biais du droit d’urgence que le Conseil fédéral obtiendra une acceptation de sa politique d’asile par les citoyennes et citoyens.
Pour réduire les coûts de l’asile et pour couper l’herbe sous le pied à celles et ceux pour qui la politique d’asile est une formidable machine électorale, une autre politique doit être menée par le Conseil fédéral. Un assouplissement des interdictions de travailler et l’accès facilité au marché du travail qui en résulterait donneraient, notamment, la possibilité aux requérants de sortir de cette situation de dépendance et améliorerait leur image dans la population. En outre, le Conseil fédéral pourrait respecter son objectif d’allégement budgétaire, non pas en coupant dans les prestations sociales accordées aux requérants d’asile, mais par prélèvement sur les comptes sûretés en déshérence qui totalisent plusieurs millions non récupérés par les requérants d’asile déboutés.
16 juin 2003, Valérie Garbani, Co-Présidente Solidarité sans frontières