Il s’agit maintenant plus que jamais de «s’opposer à la stratégie des propos alarmistes et à l’attitude méprisante de l’UDC», écrit un membre du comité de Solidarité sans frontières juste après les élections du 22 octobre.
Il a raison. Les élections l’ont montré: le discours raciste de l’UDC contre les personnes en fuite et les personnes migrantes a amené l’extrême droite aux urnes et a mis les autres partis bourgeois sous forte pression: moins de 24 heures plus tard, le PLR et le centre ont exigé une politique d’asile plus restrictive. Une fois de plus, il semble que l’UDC ait la main mise sur la Suisse parlementaire. Sa politique agressive conduit à une nouvelle normalisation du racisme et à un régime migratoire de plus en plus violent. Celles qui le ressentent le plus sont les per- sonnes racisées et les communautés de personnes migrantes. Elles sont les premières à se rendre compte vraiment ce que signifie la politique des «hotspots». Des centaines de personnes sont déjà entassées dans des «Closed Controlled Access Centres » en Grèce, où elles souffrent de pénurie alimentaire. La société civile et les journalistes? Tenu·es à l’écart. Lespersonnes qui pourraient témoigner sur les conditions qui y règnent: enfermées et isolées. Les centres d’asile fédéraux, mais aussi le système d’aide d’urgence en Suisse suivent une logique similaire.
Lorsque le 14 juin 2023, un bateau a fait naufrage près de Pylos, au large de la Grèce, et que plus de 600 personnes ont trouvé la mort, l’indignation a été grande. Aujourd’hui, quelques mois plus tard, l’attention s’est calmée et les fantasmes de fermeture dominent à nouveau le discours. Mais pour les survivants, l’histoire continue. Neuf d’entre eux ont été inculpés, notamment pour aide à l’entrée illégale sur le territoire (comme pour des passeurs) pour avoir provoqué le naufrage. Ils risquent une condamnation à des centaines d’années de prison. C’est une logique similaire à celle de l’UDC: la migration et les migrant·es sont respon- sables de (presque) tous les problèmes. Mais dans le cas de Pylos, les survivants et les activistes s’organisent et se défendent, comme le relate le texte en page trois.
Les élections en Suisse le montrent: Il faut des réponses communes et fortes. D’ailleurs, il en va de même pour la politique climatique: comment se fait-il qu’un parti de négationnistes climatiques gagne? La position des autres partis bourgeois est apparue clairement après les élections: ils cherchent dans la politique d’asile la responsabilité de leur dé- faite. Elle vient plutôt de leur manque de position claire et leur opportunisme pour séduire plus à droite. C’est également ce qu’affirme Albina Muhtari, rédactrice en chef du magazine en ligne migrant «baba news». Il n’y a «pas assez de contre-mesures véhémentes». Le dossier «La parti- cipation plutôt que l’exclusion» est consacré à la lutte contre le cloisonnement et à la mise en place d’actions autonomes. Nous y cherchons des espaces d’action plutôt que des excuses !
Le politicien et activiste Samson Yemane, qui travaille au PS mais aussi à la Fédération suisse des médias érythréens, va dans le même sens. Avec lui, Sosf a pris position contre la motion méprisante de Damian Müller, qui vise à externaliser davantage les procédures d’asile. Yemane qualifie de telles initiatives de ce qu’elles sont : « scandaleuses et hypocrites ». C’est justement en ces temps sombres que nous devons nous y opposer ensemble. Plus que jamais à vos côtés, chers lecteur·ices.