Ouverture des frontières pour la police – mais contrôles renforcés et élargis aux frontières pour toutes les personnes ayant l’air de venir d’un pays étranger. Murs les plus hauts possibles aux frontières extérieures – et camps de réfugié-e-s en dehors de l’UE. Ce n’est pas notre vision de l’Europe et pas notre vision de la Suisse.
D’un côté, la redistribution globale est déséquilibrée comme jamais encore et la disparité nord/sud n’a jamais été plus grande. De l’autre, l’Europe est devenue une forteresse presque inaccessible pour les victimes de cette misère, réfugié-e-s, requérant-e-s d’asile ou la plus grande partie des travailleurs et travailleuses migrant-e-s. Ce cloisonnement systématique entraîne chaque année d’innombrables morts : selon l’organisation UNITED for Intercultural Action, ces vingt dernières années, plus de 17 000 réfugié-e-s ont perdu la vie dans leur fuite vers l’Europe (pdf). Les traversées en bateau vers l’Europe par des réfugié-e-s et autres migrant-e-s au péril de leur vie continueront. Pour les éviter, il faut rediscuter sur ce qu’il y a à l’origine de la catastrophe continuelle. Par exemple, le traité Dublin qui place les réfugié-e-s dans des situations autant impossibles qu’inutiles. Ou la renonciation générale à mettre en place une procédure légale pour les migrant-e-s pour arriver en Europe.
SOSF et Schengen/Dublin
Le traité Dublin fait partie de Schengen/Dublin et prévoit que les requérant-e-s d’asile ne peuvent déposer une demande d’asile que dans le territoire de souveraineté des Etats signataires. En outre, il prescrit la compétence du « premier Etat » pour mener la procédure d’asile – c’est-à-dire l’Etat où la personne a été pour la première fois enregistrée dans le système EURODAC. C’est pourquoi, les pays de l’UE ayant des frontières externes comme la Grèce, l’Italie ou la Pologne sont responsables de la majeure partie des demandes d’asile déposées. Si les réfugié-e-s poursuivent néanmoins leur route, ils et elles sont renvoyé-e-s dans l’Etat responsable. En Suisse, de telles « demandes Dublin » représentent actuellement presque la moitié du nombre des demandes d’asile.
Les Etats signataires du traité de Dublin sont tous les Etats membres de l’Union européenne (avec des réserves de la part de la Grande-Bretagne et de l’Irlande) et d’autres Etats associés. Le traité entre l’UE et la Suisse, en tant qu’Etat associé, est en vigueur depuis 2008. Déjà en 2005, Solidarité sans frontières militait contre l’adhésion de la Suisse aux traités Schengen/Dublin. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), qui, contrairement à Solidarité sans frontières, était pour l’adhésion, admet désormais qu’elle s’était trompée sur les conséquences : les conditions posées aux requérant-e-s d’asile deviennent de plus en plus sévères sous l’empire de Dublin. Le traité Dublin a été remplacé en 2003 par le règlement Dublin II établi sur sa base et, depuis 2013, c’est le règlement Dublin III qui est en vigueur. Pour la Suisse, Dublin III est en vigueur depuis le 1er janvier 2014.