Il est clair que l’état italien, dont le centre de coordination de sauvetage maritime national a donné l’aval à l’Aquarius de procéder au sauvetage, est responsable de recevoir les rescapés que ce dernier transportait. En déclarant tous ses ports fermés au vaisseau il a de fait violé les conventions internationales régissant l’obligation de secourir en mer, ainsi que la convention européenne des droits de l’homme. Mais aurait-on pu en espérer plus d’un Salvini qui avait déjà déclaré la guerre aux migrants, avant même sa victoire aux élections annoncée ?
Des états du nord en revanche, y compris la Suisse, on en aurait attendu bien plus. Le fait qu’aucun gouvernement du nord ne se soit prononcé en faveur de ces 629 personnes bloquées en mer atteint des sommets de mépris pour les droits de l’homme, le droit international, sans même mentionner le concept de solidarité. La Suisse aurait pu se déclarer pays refuge pour ces rescapés plutôt que de laisser des personnes ayant déjà vécu l’enfer, entassés dans l’incertitude sous un soleil de plomb sur le pont de l’Aquarius, des heures durant.
A l’heure qu’il est, l’Espagne a accepté que l’Aquarius accoste sur ses rives mais faut-il s’en réjouir lorsque l’on sait la victoire politique que cela accorde à Salvini et ses alliés ? Faut-il s’en réjouir lorsque l’on sait que cela éloignera le vaisseau pendant de nombreux jours de la zone de sauvetage alors que la plupart des ONGs se sont déjà retirés, sous crainte de criminalisation et de menaces des gardes côtes libyens armés ?
Il est pitoyable de constater que la Suisse fasse autant peu preuve de courage politique alors même qu’elle se targue d’être un pays à la grande tradition humanitaire. Solidarité sans frontières dénonce la complicité de la Suisse et des états membres de l’Europe dans ce fiasco en haute mer. Solidarité sans frontières maintient que la Suisse ne peut se dédouaner de responsabilité concernant les catastrophes en mer Méditerranée qui ont lieu jour après jour.
Pour unir nos voix et continuer à marteler le droit fondamental à toutes et à tous de pouvoir circuler de manière libre et sans danger, nous vous incitons à venir crier notre indignation collective à la manifestation « pas de frontières entre nous » le 16 juin prochain à Berne.