Cher-e-s du réseau de solidarité,
Les vacances d’été sont là et l’heure est pourtant grave pour une partie des personnes qui voyagent… pour les personnes chanceuses d’avoir survécu à la mort qui plane à chaque frontière, dans un contexte où la « migration » (terme utilisé pour les voyages qui vont dans un sens et pas dans l’autre) est illégalisée par tous les moyens!
Alors que le nombre de personnes parvenant à arriver en Europe ne cesse de diminuer, l’hystérie politique déclenchée par les gouvernements européens s’intensifie et les responsables de tous les pays de l’UE « mènent une politique délibérée de contournement des textes internationaux et à une sous-traitance des pires violences à l’encontre des personnes exerçant leur droit à émigrer » [1]. À chaque échelon, les autorités de tous les pays participent à cette guerre et à ce véritable crime contre les êtres humains, coupables de violences et de la mort de milliers de personnes, d’un côté et de l’autre des frontières, des territoires gardés et épurés de la forteresse.
Comme d’autres groupes et d’autres personnes, nous sommes témoins des actes des autorités administratives, judiciaires et policières à l’encontre de personnes racisées, illégalisées (qu’elles aient demandé l’asile ou pas, qu’elles survivent dans l’ombre de la clandestinité ou qu’elles se soumettent à l’esclavagisation organisée par les institutions d’état comme l’EVAM). Nous voyons comment et à quelle point ces pratiques s’inscrivent dans une violence étatique toujours plus totale, dans un monde de frontières qui continuent à construire les privilèges des un-e-s sur la mort et l’exploitation des autres.
Dans les prochaines semaines, de nombreuses personnes de tous âges vont être expulsées. Les vacances scolaires sont chaque année l’occasion d’expulser les enfants avant la rentrée… Cette semaine encore, près de 30 policiers sont allés chercher une famille placée au centre de Vennes, pour les expulser de force, alors même que Madame et 3 de leurs enfants avaient déjà été expulsés en France par vol spécial l’année passée. D'autres personnes sont également menacées de « renvoi » cet été.
Il y a sûrement au moins autant de manières de réagir que de personnes pour le faire, pour sortir de l’ignorance, du déni, de l’acceptation, de la conformité et de la passivité. Nous ne faisons pas appel à une supervision paternaliste mais à une réelle solidarité, qui parte des personnes et de leur individualité, de leur réalité, de ce qu’elles veulent pour elles-mêmes. Dans un refus concret d’être complice de la violence organisée et banalisée que toutes ces personnes continuent à vivre tandis que vous lisez ce mail, il y a peut-être moyen de…
- ouvrir les portes de vos maisons vides au moins pendant les vacances, elles peuvent abriter des personnes qui risquent une expulsion, vos chambres vides aussi…
- utiliser vos privilèges (passeport suisse, visages blancs insoupçonnables, etc.) pour éviter des contrôles de police, passer des obstacles qui n’en sont pas pour vous...
- prendre contact avec des personnes concernées – si elles le veulent - et se rendre compte de leur vie quotidienne, de ce qu’elle veulent, bouger à leurs côtés et renforcer le pouvoir dont l’état les dépossède volontairement, rompre le silence, être un soutien – si elles le veulent – au milieu de l'angoisse esseulée face aux menaces d’expulsion prochaine…
- créer des liens en dehors des centres et des prisons construites pour dissimuler leurs réalités de vie, briser l’isolement construit brique par brique, pièce par pièce, préjugé par préjugé, de personnes déclarées indésirables et inutiles, briser les murs bâtis pour mieux les déporter…
… et tout le reste, c’est tout un autre monde à construire.
Contactez-nous par mail si vous souhaitez être mis-e-s en contact avec les personnes concernées. (refuge@stoprenvoi.ch)
Dans l’attente de vos éventuels messages et propositions,
Meilleurs messages,
Le Collectif R