La solidarité n’est pas un délit!
De plus en plus de citoyennes et de citoyens sont accusés et condamnés parce qu’ils viennent en aide aux réfugiés. C’est ainsi que Père Mussie Zerai a récemment appris que le ministère public italien enquêtait sur lui à cause d’une „aide à l’immigration illégale“. Nous connaissons personnellement ce prêtre originaire d’Erythrée et nous soutenons son travail depuis plusieurs années. Il vit dans le canton de Soleure et s’occupe de la diaspora érythréenne en Suisse.
Mussie Zerai se sert depuis longtemps déjà d’un téléphone-alarme pour les réfugiés en Méditerranée. Quand ceux-ci se trouvent en danger sur la mer, il reçoit des appels désespérés. Il mobilise alors la garde côtière et les autorités, principalement en Italie. Grâce à cet homme humble et discret, des milliers de personnes ont été sauvées de la noyade.
L’instruction ouverte contre Zerai fait partie d’une campagne de diffamation menée par le gouvernement italien et l’UE contre les organisations humanitaires qui sauvent avec leurs propres bateaux des réfugiés en Méditerranée. Elles sont soupçonnées de collaborer avec des passeurs – sans aucune preuve.
Les autorités cherchent à entraver, voire à empêcher le travail des organisations et personnes qui viennent en aide aux réfugiés. Leur objectif est de „verrouiller“ la Méditerranée et d’étendre la forteresse Europe jusqu’au continent africain. L’UE et la Suisse collaborent avec des dictatures et des seigneurs de guerre pour tenir les réfugiés à distance. Cela ne signifie pas que les populations ne fuient plus. Beaucoup se retrouvent internés dans des camps en Libye, où les extorsions, les tortures et les viols sont à l’ordre du jour. D’autres meurent dans le désert.
Mussie Zerai n’est pas un cas unique. A cause du même „délit“ reproché au prêtre, le paysan Cédric Herrou et l’instituteur Pierre-Alain Mannoni du sud de la France (Vallée de la Roya) ont déjà été condamnés à des peines d’emprisonnement de plusieurs mois avec sursis. Fin septembre, la députée au Grand conseil tessinois Lisa Bosia Mirra a été condamnée à une peine de 80 jours-amende plus une amende de 1.000 francs avec sursis pour avoir « facilité l’entrée irrégulière» en Suisse de réfugiés mineurs, considérés comme particulièrement vulnérables. En février de cette année, elle et le prêtre Don Giusto de la Valle avaient reçu pour leur engagement humanitaire le Prix suisse de droits humains « Alpes ouvertes » de nos mains.
Nous ne devons pas nous laisser intimider. Ces procédures ne sont pas uniquement dirigées contre celles et ceux qui viennent en aide aux réfugiés, mais contre toutes les personnes sans défense en quête de protection chez nous.
Cercle d'amis Cornelius Koch
Delémont, le 2 octobre 2017