Bien qu’il ne fasse pas de doute que la situation qui règne aujourd’hui en Afghanistan est extrêmement précaire, le Conseil fédéral ne veut ni mettre en place des voies d’exil sûres, ni accueillir des réfugié·e·s afghan·e·s en Suisse. A ce jour, la Suisse n’a évacué qu’une quarantaine d’employé·e·s locaux·les de la Direction du développement et de la coopération (DDC) et leur famille proche. On ignore par ailleurs si elle participera au programme de réinstallation de l’UE. L’aide humanitaire que le gouvernement suisse prévoit d’apporter sur place est certes importante, mais ne saurait en aucun cas être considérée comme suffisante.
Des communes suisses, des organisations de défense des droits humains et des partis de gauche rappellent que la Suisse dispose de suffisamment de place et de moyens financiers pour les réfugié·e·s, et exhortent la Suisse à accueillir et héberger jusqu’à 10 000 personnes en provenance d’Afghanistan. Il appartient maintenant au Conseil fédéral d’apporter une aide généreuse et d’agir rapidement, de manière non bureaucratique.
Sécurité pour tous les Afghan·e·s vivant en Suisse
Au vu de la situation dramatique en Afghanistan, les exilé·e·s afghan·e·s vivant en Suisse doivent se voir garantir l’asile ou au moins une admission provisoire. Les femmes et les filles sont tout particulièrement menacées par la prise de pouvoir des Talibans et ont besoin de protection. Afin que les personnes exilées, dont la demande a déjà fait l’objet d’une décision négative se voient accorder un statut de séjour régulier, il est nécessaire qu’elles puissent déposer une demande de réexamen et une deuxième demande d’asile.
Toutes les procédures de transfert Dublin de ressortissant·e·s afghan·e·s en cours doivent par ailleurs être immédiatement suspendues. Certains États européens n’ont pas encore suspendu les renvois vers l’Afghanistan; un risque de renvois en cascade («chain-refoulement») n’est donc pas à exclure.
Faciliter le regroupement familial et l’octroi de visas
Actuellement, le regroupement familial est soumis à de strictes conditions; des obstacles d’autant plus insurmontables pour les personnes admises à titre provisoire. Au vu de la situation très dangereuse sur place, les Afghan·e·s admis·e·s à titre provisoire doivent aussi avoir la possibilité de faire venir en Suisse les membres de leur famille resté·e·s au pays, y compris leurs parents ainsi que leurs frères et sœurs. Aussi, la procédure d’obtention de visas de visite doit immédiatement être simplifiée pour les Afghan·e·s qui ont des membres de la famille en Suisse.
Dans la situation actuelle, la pratique restrictive d’octroi de visas humanitaires est intenable et doit urgemment être facilitée et accélérée pour toutes les ressortissant·e·s afghan·e·s menacé·e·s. Les demandes de visa pour la Suisse déposées dans un État tiers ne doivent pas être refusées sous prétexte que les personnes concernées s’y trouveraient en sécurité. Enfin, le fait que la Suisse n’ait pas envoyé de troupes en Afghanistan n’est pas une raison valable pour refuser l’accueil de personnes ayant besoin d’une protection.
En raison des sérieux risques que courent certains groupes (femmes, journalistes, défenseur·euse·s des droits humains, professeur·e·s ou médecins), la possibilité d’effectuer une demande d’asile dans les ambassades doit être réintroduit par une loi d’urgence, faute de quoi les personnes cherchant une protection seront forcées de quitter l’Afghanistan pour venir en Suisse de manière illégale et dangereuse.
Au vu de la situation précaire en termes de droits humains qui règne aujourd’hui en Afghanistan, la Suisse en fait encore trop peu. Au-delà de l’aide fournie sur place, la régularisation du statut de tou·te·s les ressortissant·e·s afghan·e·s vivant en Suisse, des procédures d’octroi de visas pour les exilé·e·s afghan·e·s et de regroupement familial simplifiées et la réintroduction des demandes d’asile dans les ambassades relèvent de l’urgence.
Détresse en Afghanistan: Qu'attend la Suisse? Notre article sur Humanrights.ch
Les gouvernements des États-Unis, des États européens et de la Suisse ainsi que les médias et les partis politiques sont unanimes: depuis le retrait des troupes d’Afghanistan et la prise de pouvoir des Talibans, une grande partie de la population civile afghane se trouve en danger de mort imminent. Les rapports sur les violations des droits humains se multiplient et la pauvreté et la faim menacent la population. Le Conseil fédéral doit agir maintenant.