La Suisse renvoie sans problème de conscience vers l’Italie et prétend que l’accueil et la prise en soins y est garanti. Faux. Même lorsqu’il s’agit de personnes nécessitant un suivi médical rapproché, la concertation entre la Suisse et l’Italie pour prendre en charge ces personnes ne marche pas. Deux cas suivis par Solidarité Tattes à Genève en témoignent.
Les bonnes conditions d’accueil en Italie, une farce
Saïd, qui souffre d’une maladie infectieuse grave et qui nécessite des soins quotidiens, s'est fait renvoyer en Italie en février 2018. Il a accepté son renvoi et demandé l’asile en Italie, mais n’a pas eu accès aux soins dont il a un besoin vital. Revenu en Suisse, il a été à nouveau expulsé en août par vol sous haute garde à destination de Milan, où il a passé deux nuits sur un banc avec toutes ses valises. La violence du second renvoi a ajouté une couche traumatique à sa situation de santé déjà bien malmenée. Il n’a bénéficié d’aucune prise en charge médicale en Italie.
Comme on pouvait s’y attendre, Saïd est revenu en Suisse peu après, où il a déposé une nouvelle demande d’asile. Il a immédiatement été hospitalisé en Suisse. Nous demandons aux autorités suisses de prendre en compte l'état de santé de Saïd et de renoncer au renvoi.
Renvoyer en Italie, une violation de la Convention contre la torture
Aman a aussi fait la terrible expérience d’être renvoyé par vol spécial vers l’Italie, alors même qu’il se remettait de graves tortures subies dans son pays d’origine pendant plus de 5 ans et qu’un traitement était en cours. Revenu peu de temps après à Genève où habite son frère, un recours a été déposé avec l’aide de son avocat auprès du Comité contre la Torture (CAT) des Nations Unies.
La démarche a pris du temps, mais le résultat est sans appel : le CAT estime que le renvoi d’une victime de torture vers l’Italie, en application du règlement Dublin, viole la Convention contre la torture. Les conditions d’accueil des requérant·e·s varient entre les Etats européens, la Suisse se doit d’en tenir compte avant d’imposer un renvoi Dublin, et l’Italie n’est pas en mesure d’assurer des conditions acceptables pour ces personnes.
L’Appel Dublin demande au SEM et aux autorités fédérales de renoncer au renvoi Dublin des personnes nécessitant un suivi médical.
Tessin : « Siamo al buio »
Les protestations contre les pratiques de renvoi ne se taisent pas, bien au contraire. Ainsi, un groupe de citoyen·ne·s tessinois·e·s a récemment lancé la pétition « Siamo al buio » (« Nous sommes dans l’obscurité »), qui dénonce la violence des renvois Dublin.