Simon Noori

Quand nous repenserons à 2024 dans quelques années, elle apparaîtra probablement comme un point d’inflexion de l’histoire de la politique d’asile et de migration de la Suisse et de l’Europe.

La base de données EURODAC, épine dorsale du système de Dublin, sera largement étendue. Il s’agira de la plus grande base de données jamais créée en matière d’asile.

Le règlement de crise contient de nombreuses dérogations qui pourraient devenir des normes permanentes.

La réforme du RAEC établit aux frontières extérieures de l’UE un mécanisme de sélection dans des conditions de détention, visant à un rapatriement aussi rapide que possible.

Le 25 mai 2024, l'UDC a adopté à Bâle son initiative dite « pour la protection des frontières ». Une attaque frontale contre le droit d'asile suisse s'était déjà dessinée auparavant. Le texte de l'initiative qui vient d'être publié est clair : le parti donne tout. Il ne veut pas seulement abolir le droit d'asile et le statut d'admission provisoire, mais aussi illégaliser une grande partie des personnes en fuite et les expulser du pays.

La réforme du régime d’asile européen commun (RAEC), récemment négociée, supprime de facto le droit individuel à l’asile. Il est grand temps de se mobiliser !

Mi-février 2024, l'UDC a fait connaître via CH Media les revendications que contiendrait son initiative sur la protection des frontières, annoncée dès l'automne 2023 dans le Tagesanzeiger. Bien avant cette déclaration, le parti avait déjà déposé plusieurs interventions au Parlement, qu'il souhaite désormais regrouper dans l'initiative et qui seront toutes discutées lors de la session de printemps.

La politique d'asile suisse se trouve à un tournant. Des élu·es, de l'extrême droite jusqu'au centre, s'en prennent désormais ouvertement au droit d'asile lui-même. Ces attaques visent ainsi la dernière option restante en matière de droit de rester pour les personnes en fuite. Il est grand temps de repenser la politique d'asile.