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Pour le droit à l'accès à l'emploi pour tou-te-s!
Dans le canton de Vaud, plus de 800 personnes sont soumises au régime de l’aide d’urgence. Ce sont des personnes dont la demande d’asile n’a pas été acceptée mais qui restent en Suisse car leur renvoi est impossible. Elles vivent parmi nous depuis 2 ans, 5 ans, parfois 10, 15 ans ou plus… Sans droit de travailler, de quitter le canton, sans droit à se former, à dormir dans des structures d’hébergement inadéquates. Elles vivent suspendues entre la crainte d’un renvoi et l’attente interminable d’une régularisation. Près de 10'000 personnes sans papiers habitent le canton de Vaud. Invisibles, elles travaillent dans l’économie domestique, les services, le bâtiment. Sans le droit de travailler, elles participent pourtant à la vitalité de l’économie vaudoise et au bien-être de la population. Nous demandons aujourd’hui le droit à accéder légalement à l’emploi! A ne plus nous cacher pour travailler mais à le faire légalement.
L’accès à l’emploi est un droit fondamental!
Le droit de travailler participe de la dignité humaine. «C’est dévalorisant, frustrant… et cela rend dépendant de ne pas pouvoir travailler.» (I. père de famille à l’aide urgence depuis 6 ans). Pouvoir accéder légalement à un emploi pour vivre dignement est une condition essentielle pour l’équilibre psychique et physique. «Sans-papier, tout le monde te ferme la porte.» (S. sans papiers depuis 9 ans)
L’accès à l’emploi est un moyen de reconstruire une vie décente après avoir quitté son pays! Ces dernières années, les politiques en matière d’asile se sont considérablement durcies en Suisse et en Europe. Suite aux décisions absurdes du Secrétariat d’État aux Migrations ou à l’application tatillonne par la Suisse des accords de Dublin, de nombreuses personnes soumises au régime de l’aide d’urgence viennent de pays en guerre ou soumis à un régime dictatorial (Afghanistan, Syrie, Biélorussie, Érythrée…), où les soins médicaux nécessaires ne sont pas disponibles. Leur séjour, même illégal, en Suisse n’est pas un choix, mais une question de vie ou de mort!
«A Kaboul, il y a presque tous les jours des attaques suicides, des bombes. Tu ne peux pas sortir de chez toi sans prendre le risque d’être tué. Je travaillais dans un hôtel avec des soldats américains. Les talibans ont m’ont menacé, moi et ma famille, pour que je pose une bombe dans l’hôtel». (M. 22 ans, en Suisse depuis 2014).
D’autres viennent simplement chercher en Suisse de quoi nourrir leurs enfants et soigner leur parent. Privés de toutes protections légales, leurs conditions du travail au noir sont souvent proches de l’exploitation et, dans tous les cas, précaires. Personne ne quitte sa maison pour séjourner illégalement en Suisse par plaisir !
L’accès à l’emploi est une condition nécessaire d’intégration !
Travailler favorise la cohésion sociale et le vivre ensemble. Cela crée des liens entre les diverses populations qui habitent le canton. «Si on travaille on s’intègre mieux, on apprend à le français et on fait des liens sociaux.» (A. sans papiers depuis 7 ans). Lorsque des personnes qui sont à l’aide d’urgence depuis quelques années demandent à être régularisées, les autorités leur rétorquent le plus souvent qu’elles sont incapables de subvenir à leurs besoins car elles n’ont pas travaillé jusqu’alors… Comment le faire sans possibilité légale? Il est temps de mettre fin à cette hypocrisie.
L’accès à l’emploi est essentiel pour les jeunes !
Les jeunes sans-papiers ou débouté·e·s de l’asile voient toutes leurs perspectives d’avenir déniées, alors même qu’ils et elles n’ont souvent pas choisi leur exil. Après leur scolarité, ils et elles se trouvent interdits de travail. Celles et ceux qui ont eu la chance de faire tout de même un apprentissage doivent abandonner leur place de travail. «Ne pas travailler, c’est vieillir plus vite.» D., 26 ans, à l’aide d’urgence depuis 5 ans. «A quoi ça sert de faire un apprentissage si après t’as même pas le droit de travailler? Ça te démotive. » K., 23 ans, à l’aide urgence depuis 3 ans.
L’accès à l’emploi pour tou·te·s est essentiel pour l’économie!
L’économie suisse est en bonne santé, mais de nombreux secteurs peinent à trouver des personnes formées, comme dans la santé ou le social. Avec une population toujours plus vieillissante, le domaine des soins est toujours plus demandeur d’employé·e·s formé·e·s. De nombreuses personnes sont aujourd’hui exclues de ces métiers alors même qu’elles ont l’envie et la formation pour les exercer. «Je ne comprends pas où est le problème: si on travaille on devient autonome, on ne coûte pas à la société.» R, sans papier depuis 10 ans.
Reconnaître que de nombreuses personnes travaillent déjà et leur donner le droit de le faire légalement est une manière de les protéger des abus et également de renforcer les droits des travailleurs et travailleuses suisses. Les sans-papiers ne seront plus contraint·e·s d’accepter des emplois sous-payés, ce qui favorise la lutte contre le dumping salarial. Les personnes à l’aide d’urgence reçoivent actuellement une assistance minimale de 0.00 fr.- (Zéro) avec distribution d’une place d’hébergement et de nourriture du Canton. En leur permettant de travailler, elles peuvent se prendre en charge de manière autonome. « C’est dévalorisant, frustrant et ça rend dépendant. Cet argent qu’ils utilisent pour s’occuper de nous, il pourrait l’utiliser pour autre chose. Ils préfèrent s’occuper de toi que de favoriser ton autonomie. Moi je pense que c’est pas une bonne solution. » K., aide d’urgence depuis 3 ans.
L’accès à l’emploi est une évidence !
Les près de 800 personnes qui vivent à l’aide d’urgence dans le canton font face à des conditions de (sur)vie drastiques et n’ont aucun droit. Ces conditions sont délibérément envisagées comme un moyen de les pousser au départ. Or elles restent, car elles n’ont pas le choix, car elles sont ici depuis longtemps, car elles n’ont aucune perspective d’avenir dans leur pays d’origine. Leur dénier le droit au travail ne les pousse pas au départ mais à l’isolement et à la désintégration. Les 10'000 personnes sans-papiers qui vivent et travaillent dans le canton le font envers et contre toutes les interdictions. Leur dénier la reconnaissance de leur emploi est une hypocrisie.
« Beaucoup de gens ne savent pas réellement les souffrances qu’on vit sans le droit de travailler, éviter ça, ça serait bien pour la société et pour les gens. Si les gens savaient ce qu’on vit, ils nous donneraient le droit de travailler. »
Leur reconnaître le droit de travailler est une évidence.
Droit de Rester,
le 26 octobre 2017