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« Ce n'est pas comme si nous étions content·es de vivre dans des containers avec 8 francs par jour. Avant, il y avait des fuites d’eau dans ma chambre quand il pleuvait. Il fait froid en hiver et chaud en été. Il n'y a pas assez de toilettes, il y a trop de monde, c'est étroit. Je ne m'engage pas pour le camp de Bözingen/Boujean parce qu'il est si bien. Mais je me bats pour rester ici, car sinon j'aurais des difficultés encore plus grandes. Car à Enggistein ou à Gampelen, nous ne sommes plus en ville... A Bienne, nous pouvons nous déplacer sans avoir besoin de dépenser nos 8 francs quotidiens pour acheter un ticket de bus. Ici, nous pouvons utiliser le peu d'argent dont nous disposons pour faire des achats alimentaires. Nous pouvons nous promener en ville. Ici, nous sommes des personnes parmi d'autres lorsque nous nous promenons dans les rues. A Gampelen, nous sommes les "débouté·es". Pour nous, l'anonymat de la ville est une bonne chose. Nous connaissons Bienne. Nous n'avons certes pas de chez-nous, mais nous avons un peu de paix et de tranquillité dans les rues de Bienne..»
Cette manie de parquer les gens en fonction de ce qui est le plus pratique pour les autorités, de ce qui pose le moins de soucis de logistique, et surtout de les éloigner toujours plus des centres des villes, des endroits de socialisation, est une logique de camp, d’optimisation, de transport et de rangement. Si l’on laisse faire sans rien dire, on oubliera bientôt, nous aussi, que c’est d’êtres humains dont il est question.
C’est pour cette raison que «Stop Isolation Bözingen» est actif depuis plusieurs mois : deux pétitions, travail médiatique, manifestations, etc. Une brochure relatant l’historique et les revendications se trouve d’ailleurs ici. La lutte continue, sous le mot d’ordre #WirbleibeninBiel.
Malgré tout, le canton continue de faire la sourde oreille. Ce week-end, une ancienne maison de retraite, vide depuis deux ans, a été occupée en solidarité avec #WirbleibeninBiel.
Cela fait des années que nous – Sosf et les groupes du mouvement d’asile - disons que nous avons de la place, que l’accueil misérable des personnes exilées n’est pas un impératif, ni une fatalité. Il y a bien assez de bâtiments vides en Suisse pour accueillir les gens correctement. C’est cette solution que propose le mouvement d’occupation. Solidarité sans frontières en soutient largement les revendications.
Si vous aussi souhaitez soutenir #WirbleibeninBiel : rendez-vous sur place, il y a tout un programme festif et militant, parlez-en autour de vous, écrivez aux autorités, faites des dons. Ensemble, nous pouvons démontrer qu’un accueil digne est possible, que les bâtiments vides et les villes ne sont vivantes que quand la solidarité, et non l’exclusion, y règne.
Solidarity will win – wir bleiben in Biel – nous restons à Bienne