Manifestation – mendier n’est pas un crime
« La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » (préambule de la Constitution Suisse). Et pourtant, à partir du 1er novembre 2018, la mendicité sera interdite dans tout le Canton de Vaud.
Comme l’a reconnu le Tribunal fédéral, cette loi porte atteinte aux libertés fondamentales et à la dignité des personnes qui ont recours à la mendicité. Néanmoins les autorités sont légitimées sous prétexte que cela permettrait de « préserver l'ordre, la tranquillité et la sécurité publics. »
Nos autorités se préparent à donner un grand coup de balai sur la misère, au nom du «propre en ordre» ; à défaut de combattre la pauvreté, elles l’interdisent en criminalisant les personnes qui mendient. Elles appellent même à élargir les sanctions, avec des interdictions de périmètre qui pourraient être prononcées par la police, sans validation par la justice.
Qu’est-ce qu’un Canton qui criminalise le geste de l’aumône et la solidarité ? Cette loi participe à la création honteuse d’une société qui exclut les plus pauvres, jusqu’à vouloir les faire disparaître. Si nous ne combattons pas l’application de cette loi qui seront les prochain·e·s « interdit·e·s » de notre société ?
Jeudi 1er novembre 2018, à 18h à la Place de l’Europe, manifestons notre indignation dans la rue avec les nouveaux « interdit·e·s » ! Luttons pour que les plus pauvres parmi nous demeurent reconnus dans leur pleine dignité et marchons à leur côté pour mettre en place des vraies réponses à la pauvreté.
Manifestation organisée par le comité contre l’interdiction de la mendicité et soutenue par :
Opre Rrom, solidaritéS Vaud, Pop Gauche En Mouvement, S. Egidio Suisse, Solidarité & Ecologie - La Gauche, Jeunesse socialiste vaudoise - JSV, Solidarité sans frontières
L’interdiction de la mendicité est :
INHUMAINE
Il y a aujourd’hui en Suisse des personnes pour lesquelles la mendicité est devenue la seule possibilité de survivre. En pénalisant les plus humbles, le Canton de Vaud bafoue les droits humains les plus élémentaires : la liberté, l’accueil des plus démunis et le respect de la dignité humaine. En criminalisant la pauvreté, on porte atteinte à la dignité de toutes les personnes qui vivent dans la précarité en Suisse. Criminaliser la misère s’inscrit dans la suite logique du démantèlement des acquis sociaux des dernières années. Si cette disposition légale répressive frappe aujourd’hui une certaine population, elle pourrait viser demain de plus en plus d’exclus de notre système de protection sociale. Mendier n’est pas un choix de vie, mais une question de survie en réponse à une urgence sociale.
DISCRIMINATOIRE ET RACISTE
Cette initiative a été votée dans le but manifeste de réprimer les Roms, population peu nombreuse mais visible. En ancrant dans la loi des mesures punitives et discriminatoires, elle contribue à la banalisation de l’ostracisme envers les populations rom, déjà trop souvent victimes de brutalité, voire d’abus, de la part des autorités (harcèlement, confiscation de leurs biens, évacuations musclées, destruction de leurs abris de fortune, expulsion du territoire suisse, etc.). Son application ne fera qu’enfoncer encore davantage les Roms dans la pauvreté. Les partisans de la loi associent souvent les Roms à des réseaux mafieux. Rappelons que les enquêtes de police menées jusqu’à ce jour sur les Roms dans le canton de Vaud n’ont jamais mis à jour l’existence d’un réseau profitant des plus faibles. Nous dénonçons l'hypocrisie de celles et ceux qui prétendent combattre l'exploitation en précarisant encore les plus fragiles. Pousser les plus pauvres dans l'illégalité, c'est favoriser l'exploitation et non la prévenir. Les Roms sont une cible aisée dans un contexte social et économique de plus en plus précaire.
INEFFICACE ET COÛTEUSE
Le cas de Genève est le parfait exemple de l’inefficacité de cette disposition légale. Aucune baisse significative du nombre de mendiants n’a été observée depuis son entrée en vigueur. Elle donne surtout l’impression aux citoyens que les pouvoirs publics agissent, alors qu’elle ne résout rien. L’application de cette disposition est très onéreuse : selon le Conseil d’Etat genevois, la criminalisation de la mendicité a coûté trois millions de francs au cours de la période examinée de seulement 18 mois, sans compter les frais de justice et de fonctionnement de la police. En réalité, l’ensemble des coûts engendrés à la charge des contribuables pourrait avoisiner les 20 millions de francs suisses ! Cet argent devrait être utilisé à des fins bien plus utiles et urgentes. Alors luttons contre la pauvreté et non contre les pauvres !